Par Mathilde
Hier soir je m’interrogeai sur ce qui me permettait aujourd’hui d’être encore debout dans ce coup de tonnerre sans précédent que nous sommes en train de vivre actuellement.
Comment allons-nous faire sans vous cet été ? Sans vos histoires, vos jours « j » qui nous portent chaque année…De quoi allons-nous habiller nos week-ends sans nos grandes robes et vos câlins ?
Et pourquoi… pourquoi on bataille tant à vos côtés… pourquoi on est toujours là, à trouver des solutions, une nouvelle date pour vous, alors qu’une petite valise nous fait de l’œil sournoisement au quotidien et qu’il serait plus simple de rendre les clés.
Parce que …
Parce que… Solène & Nicolas depuis 10 ans et deux enfants dans la course du quotidien. Assis en face de moi à leur table de cuisine à me parler de leur chaudière en RAD en évitant l’essentiel. Un amour d’une pudeur incroyable ; qui à peine effleuré se retranche derrière une palissade infranchissable.
Alors sortir une immense pelle en dentelle et commencer à creuser à leur rythme, des galeries interminables vers leur vrai « eux ». Y déposer des petites lampes pour retrouver le chemin du retour à la fin, leur laisser des nuits entières câlines pour s’y retrouver en secret et passer des heures et des heures à lire entre les souvenirs enfin dévoilés.
Alors qui mieux que la nuit, le jour J arrivé, pour les révéler à eux-mêmes puis aux autres. Sur cette petite plateforme en bois sous leur arche bienveillante au lucioles indisciplinées. Et ces quelques invités choisis avec soin, presque invisibles à la lueur des bougies. Comme si le noir était un excellent compagnon de route aux confidences de fin de journée…
Me souvenir de leurs yeux impatients, de cette chair de poule incroyable qui nous a tous envahit à mesure que le soleil tombant nous faisait disparaitre avec lui. Sentir le vent, quelques feuilles d’automne ayant oublié de tomber dans la journée. Et cette odeur de la nuit si apaisante…
Se souvenirs de Mamyvonne ayant largement dépassé l’espérance de vie réglementaire, un brin chancelante sur ses deux gambettes en collant, mais refusant en bloc toute aide pour remonter cette allée avec fierté. La voir serrer les dents et les poings pour ne pas pleurer…avant de s’autoriser à nous partager son immense émotion…
Comme c’était beau de la voir mettre un petit 36 devant l’autre, un peu repliée sur elle-même dans cette aura incroyable. Quel souvenir magnifique vous étiez en train de lui offrir pour son dernier voyage. Et quelle évidence que cette femme pour ouvrir cette cérémonie du temps.
Puis se souvenirs de Maël & Alice dans un de leurs nombreux jeux d’enfants, rayonnants, probablement dans une autre réalité que la nôtre à cet instant, avec leurs petites pancartes. Ne comprenant pas bien le sens de la consigne mais savourant cette attention exclusive et surtout l’autorisation de se coucher plus tard. Les voir courir presque, comme deux petites fées…sautiller, gambader et nous étonner!
Puis prendre le temps de respirer à mesure que la musique s’effaçait dans un bruissement de branches…
Et alors, comme dans toutes les veillées d’hiver autour d’un feu, briser le silence et vous raconter avec la plus grande prudence, dans un respect infini. Manquer de chavirer, poussée par cette émotion collective qui monte et tous ces rendez-vous rien qu’à nous. Ce grenier de vos premiers émois. Cette poussière d’étoiles que vous aspiriez à la fenêtre en dansant…et ce sourire à lecture de votre cérémonie… Trembler par moment car ici je ne joue pas. Je suis avec vous, pleinement et sans aucun avant ou après. Dans l’instant présent que vous nous offrez, dans ce que vous avez osé rendre réel…
Puis arrêter le temps. Le savourer en boucle…
Se souvenirs de ces 10 années d’une richesse inavouée. De tous ces moments où vous vous êtes dis « oui ! c’est lui et pas un autre » … « ce sera elle ou rien ! ». De ces 10 partages où nous vous avons découvert, tel que vous étiez l’un pour l’autre, dans la protection de cette obscurité.
Déplier les plaids, frissonner tous ensembles et discrètement sortir les mouchoirs car il faut se le dire…vous nous avez tellement fait rire !
Puis se souvenir de la vieille malle qui grinçait, et de chacune de ces surprises déposées par vos invités avec délicatesse. Se surprendre à ne pas pouvoir la refermer tellement l’amour en débordait. En rire encore…avec vous…avec eux comme au milieu d’une très belle cuite collective. Puis confier les clés à vos témoins présents ou à distance, sur un bateau militaire au milieu de nulle part. 224ème bataillon de frisson que je ne raconterai par ici car il n’appartient qu’à vous et à tous ceux qui y étaient…
Et enfin y arriver, à cet échange d’alliance si précieux et pressé ! alors que vous aviez attendu 10 longues années. Rajeunir de cette impatience, la faire voler en éclat et dire « oui » avec fougue dans un baiser complètement improvisé digne d’un film de Woody Allen.
Accélérer, monter en puissance et terminer par les 3 « Oui » comme un dernier cri à la nuit…tel une meute de loups déchainés et prêts à fêter cela jusqu’à l’aube de votre rêve éveillé.
Oui ce soir là, il a plu des étoiles…
Alors et pour tout cela, pour tous les amoureux dont je n’ai rien oublié. Toutes vos cérémonies que je prends plaisir à me raconter encore et encore. Mais aussi vous, les prochains dont tout reste à écrire…Ne rien lâcher ! Faire front avec vous! Car survivre n’est pas suffisant ! Et qu’une fois le masque tombé vous aurez plus que jamais besoin de vous aimer !
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